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Photo du rédacteurMathilda Moutoussamy

TRAVAIL, TRANSGENERATIONNEL, RETRAITE...


Dans mon histoire personnelle et dans l'exploration de mon transgénérationnel, j'ai pu tomber sur tous types de systèmes d'exploitation de la main d'oeuvre : esclavage, domesticité pour des nobles et/ou bourgeois, servage, métayage, engagisme....


Je ne sais pas si vous connaissez tous ces mots? Certains sont peu connus.


Ce sont des thématiques intéressantes à l'heure où en France, on se questionne sur le travail, le temps de travail, et bien sur, sur la retraite.


Il est évident qu'on ne peut faire l'économie d'une réflexion sur le monde du travail, si on se questionne sur l'âge de la retraite, et donc aussi sur le sens et la place du travail dans nos vies.


Pour apporter réflexion à ces débats, j'avais envie de parler de ces travailleurs qui ont pris la suite des esclaves.


Parce que c'est le trait d'union entre la période esclavagiste, et le travail moderne, si je peux employer ce terme.


Et c'est une histoire ma foi, fort intéressante, que d'observer comment la division du travail s'est ré-organisée après la fin de l'esclavage.


Ce trait d'union, post esclavagiste, on l'appelle en général "l'engagisme". Parce que les personnes concernées signaient des contrats "d'engagement". Ces contrats ne pouvaient être rompus. Ils duraient 3, 5 ou 10 ans.


Les historiens ont débattus et débattent pour savoir s'il s'agissait d'esclavage, de post-esclavagisme, et/ou de travaux forcés....


Il n'y a pas de réponse simple, comme souvent...


Le système d'engagisme était extrêmement contraignant. Ca, on peut l'affirmer.


Les engagés venaient d'endroit ayant subit la colonisation et vivant dans l'extrême misère. ( Inde, Afrique, Chine, Mélanésie...)


Parfois il signaient ces contrats en connaissance de cause, parfois ils ne parlaient que leur langue originelle et signaient d'une croix les contrats (qu'avaient-ils réellement compris de ce dans quoi ils s'engageaient?), certains enfin, étaient kidnappés, razziés, ou saoulés et déposés sur les bateaux.


3 millions de personnes ont été déplacées vers les iles à sucre principalement, mais pas que, car il fallait du monde pour remplacer les anciens esclaves, libérés, qui avait moyennement envie d'aller retravailler avec leurs anciens tortionnaires et bourreaux.


Ces engagés, donc, ce sont souvent retrouvés sur les anciens bateaux négriers, transformés, sur les anciennes plantations de canne à sucre, à vivre dans les mêmes endroits où vivaient avant les esclaves, avant, à ne pouvoir choisir de partir avant la fin de contrat et à travailler au final dans des conditions de travail assez

similaire.


Bien sur, ils n'étaient pas des bien meubles et n'appartenaient pas à leur propriétaire à vie.


Enfin, en réalité, les engagés n'avaient pas le droit de sortir de la plantation.

Devait acheter leur nourriture sur la plantation, aux planteurs donc, à des prix prohibitifs, qui les mettaient en dette.

Certains sont morts durant leur "contrat de travail".


La majorité ont été endettés et se sont retrouvés à travailler plus longtemps que prévu ou dans l'impossibilité de repartir.


(spéciale dédicace à toutes les personnes qui connaissent le problème de la vie chère aux Antilles - quand on sait qu'une partie du commerce d'importation est aux mains des anciennes familles de planteurs : rien de nouveau sous le soleil ... )


Donc après la fin de l'esclavage, voici ce qu'on a :

des travailleurs qui signent des contrats, qui acceptent de travailler à très bas prix, qui n'ont pas de liberté de circuler, qui économiquement demeurent dépendants de leurs employés, qui ne peuvent pas dire grand chose sous peine de se prendre d'autres années de travail en plus, qui subissent des abus physiques et sans doute sexuels, qui n'ont aucune voix de recours en cas de problème, qui parfois préfèrent faire en sorte d'être envoyés au bagne parce qu'ils pensent qu'ils y seront mieux...


C'est le nouveau monde de travail après l'esclavage au 19ème siècle.


Ces contrats seront interdits à la fin du 19ème siècle suites aux dérives et maltraitances dans les colonies françaises. Fait dénoncés par les Britanniques, qui étaient pourtant loin d'être des enfants de choeur...



Je trouve l'Histoire de ces types de contrats de travail, post période esclavagiste, extrêmement intéressante pour comprendre comment on a glissé petit à petit vers le travail et les contrats de travail tels que nous les connaissons aujourd'hui.


Ce que j'ai écris là est bien sur un résumé, mais ça me semble le 1er laboratoire du 1er pas vers une division internationale du travail, toujours en cours.


Puisse cette petite histoire nourrir votre reflexion sur le travail, et la retraite!


= Faire se rencontrer le transgénérationnel, les mémoires cellulaires et la grande Histoire... pour guérir.


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Photo : hommage à mes ancêtres engagés dans les champs de canne en Guadeloupe.





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