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Photo du rédacteurMathilda Moutoussamy

La pêche à la baleine - Poéme

A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,



Disait le père d'une voix courroucée



A son fils


Prosper, sous l'armoire allongé,



A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine.



Tu ne veux pas aller.



Et pourquoi donc?



Et pourquoi donc que j'irais pêcher une bête



Qui ne m'a rien fait, papa,



Va la pêpé, va la pêcher toi-même.



Puisque ça te plaît,



J'aime mieux rester à la maison avec ma pauvre mère



Et le cousin


Gaston.



Alors dans sa baleinière le père tout seul s'en est allé



Sur la mer démontée...



Voilà le père sur la mer,



Voilà le fils à la maison.



Voilà la baleine en colère.



Et voilà le cousin


Gaston qui renverse la soupière,



La soupière au bouillon.



La mer était mauvaise,



La soupe était bonne.



Et voilà sur sa chaise


Prosper qui se désole :



A la pêche à la baleine, je ne suis pas allé.



Et pourquoi donc que j'y ai pas été ?





Peut-être qu'on l'aurait attrapée,



Alors j'aurais pu en manger.



Mais voilà la porte qui s'ouvre, et ruisselant d'eau



Le père apparaît hors d'haleine,



Tenant la baleine sur son dos.



Il jette l'animal sur la table, une belle baleine aux yeux



bleus,


Une bête comme on en voit peu.


Et dit d'une voix lamentable :


Dépêchez-vous de la dépecer,


J'ai faim, j'ai soif, je veux manger.


Mais voilà


Prosper qui se lève,


Regardant son père dans le blanc des yeux,


Dans le blanc des yeux bleus de son père.


Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus :


Et pourquoi donc je dépècerais une pauvre béte qui m'a



rien fait?


Tant pis, j'abandonne ma part.


Puis il jette le couteau par terre,


Mais la baleine s'en empare, et se précipitant sur le



père


Elle le transperce de père en part.


Ah, ah, dit le cousin


Gaston,



On me rappelle la chasse, la chasse aux papillons.


Et voilà



Voilà


Prosper qui prépare les faire-part,


La mère qui prend le deuil de son pauvre mari


Et la baleine, la larme à l'oil contemplant le foyer



détruit.


Soudain elle s'écrie :



Et pourquoi donc j'ai tué ce pauvre imbécile,


Maintenant les autres vont me pourchasser en motogo-



dille


Et puis ils vont exterminer toute ma petite famille.


Alors, éclatant d'un rire inquiétant.


Elle se dirige vers la porte et dit





A la veuve en passant :


Madame, si quelqu'un vient me demander.


Soyez aimable et répondez :


La baleine est sortie,


Asseyez-vous,


Attendez là.



Dans une quinzaine d'années, sans doute elle reviendra...


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